Le rire, c’est bon pour la santé !
La psychologue Marie Anaut décrypte les différentes facettes de l’humour comme antidote .
« Rire est le propre de l'homme », disait Rabelais. Mais pas seulement. Rire c’est bon pour la santé. L’humour contribue à nouer des liens, génère de fortes émotions, apaise des tensions, et ce n’est pas tout. Il constitue un rempart contre les traumatismes. Marie Anaut, psychologue clinicienne, professeur à l’université Lyon-II, thérapeute familiale, explore dans cet ouvrage les différentes facettes de l’humour avec de nombreux exemples, dressant le parcours du rire au cours du temps. L’humour est un système de protection qui correspond, selon elle, à l’art de savoir dégager les aspects plaisants, cocasses et insolites des situations de la vie courante, mais aussi des vicissitudes de l’existence.
Dans des situations extrêmes, il rend capable de tolérer l’intolérable, aide la personne blessée à construire sa route vers la résilience, ce processus que Boris Cyrulnik a fait connaître et par lequel les individus se reconstituent malgré l’adversité.
Le rire et l’humour renvoient aux contours de l’enfance.
Dans une approche psychanalytique, l’humour peut être envisagé comme libérateur et exaltant ; Sigmund Freud l’évoque comme un mécanisme de défense parmi les plus élevés, révélant la capacité humaine à transformer la souffrance en plaisir. Jacques Lacan concevait même l’accès au rire comme un critère de santé mentale.
Rempart contre le stress
De l’humour découle parfois le rire, mais pas toujours. Bon pour l’organisme, il est aujourd’hui démontré que le rire constitue un antidote contre le stress. Il agit sur trois axes, explique le neurologue Henri Rubinstein, qui a décortiqué les mécanismes physiologiques du rire : musculaire, respiratoire – il provoque une respiration proche de celle du yoga – et neurologique. Il augmente la sécrétion d’endorphines et favorise la production de neuromédiateurs, comme la sérotonine et la dopamine, substances favorables à la santé.
Dans les hôpitaux où interviennent des associations comme Le Rire médecin, il a été montré que les doses d’antalgiques diminuaient. Certains mettent en avant ses vertus curatives, dont la stimulation des défenses immunitaires. L’auteure décrit aussi le parcours du journaliste américain Norman Cousins, qui raconte comment il a pu combattre la spondylarthrite ankylosante grâce aux effets thérapeutiques du rire, notamment par le visionnage intensif de films comiques (ceux des Marx Brothers notamment).
Garant de la sociabilité, le rire serait donc un rempart contre le stress. Marie Anaut reste toutefois prudente : il existe peu d’études scientifiques prouvant les effets salutaires du rire et du sens de l’humour. Cependant, l’humour représente un vecteur de cohésion entre les hommes, voire une façon de résister à l’adversité et aux épreuves. « Politesse du désespoir », selon Vian, pied de nez à notre condition de mortels, le rire fustige la bêtise autant que les angoisses.
Par Pascale Santi
LE FOU RIRE, C'EST CONTAGIEUX. LES PUBLICISTES LE SAVENT BIEN!